lundi 16 février 2015

Bon Papa




Bon Papa,

Notre grand-père maternel avait une physionomie très méditerranéenne, le teint toujours bronzé, croisière style. Vêtu d’une gandoura et turban, il serait passé inaperçu dans une foule bigarrée orientale. Lointains ancêtres sarrasins plaisantait Maman. Nez un peu aquilin, cheveu argenté très ondulé brillantiné,  petit oeil de jais coiffé d’ un noir sourcil s’arquant facile lequel m’alarmait un peu, mais son bon sourire sous sa petite moustache pouvait rire aux éclats.

Chic en toute circonstance meme en peignoir, rasé de près et parfumé, col de chemise amidonné,boutons de manchettes,  cravates raffinées, costumes élégants en toute saison,  jusqu’au blanc crème genre Gatsby en été avec des gilets, chapeaux ou casquettes 
assortis et foulards, rayures tennis oblige pour look relax. Des lunettes pour lire et des Ray-Bans de soleil.

Pas de souvenirs avec Mamy à part ses visites  en coup de vent, rue Gioffredo.

Nous avons fait d’avantage connaissance avec lui grâce à Maman Renée après leur installation 15 rue Cafarelli à Nice. Femme élégante,mondaine, grande, élancée, jolie, seul bémol son fort strabisme. J’ai pu séjourner de temps en temps chez eux dans un intérieur de bon ton, lustré, balcon fleuri, cristaux et bibelots sinctillants où je me sentais un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Maman Renée, sure d'elle, parfaite maîtresse de maison, enrégimentait tout son monde à commencer par Bon Papa et sa mère l’adorable Madame Tobia. Elle avait un don pour l’étiquette, les bonnes manières et me faisait plus souvent qu’à mon tour la leçon, fortement assaisonnée de morale ce qui m'agaçait. On devait lui sembler assez mal élevés.

Elle a pourtant toujours fait de son mieux pour faire partie de la famille et au fond avait bon coeur, mais elle manquait juste d'un peu de simplicité et d’humour pour qu'on l'aime vraiment. Elle tenait aux labels de marque  autant qu'aux marques de reconnaissance et était assez susceptible. Sommes toutes, peut etre plus bourgoise que Mamy et je crois bien que cela ait toujours un peu irrité Maman pourtant très patiente et gentille avec elle.

Oui, dans tout ça j’oubliais mon grand-père. Je me rappelle de carnavals somptueux à Nice, batailles de platre maintenant interdites où l'on devait mettre un masque de protection, puis de fleurs et d’une fête organisée pour les employés de la banque de France ou autre manifestation nicoise où j'ai fait mes débuts sur scène: on a du
 applaudir la chansonnette de sa petite-fille, chantant  faux  d'une voix enrouée et lamentable, la bouche collée au micro auquel je me cramponnais. 

Photos de classe de Bachot au lycée de Draguignan, d’équipe de foot (il a toujours été assez sportif). Présent à ma communion et mon mariage comme témoignent quelques photos et de voyage avec Maman Renée.

C’est tout, à part  une voiture, une 403 quand il venait nous voir. Ah si, de beaux feux d'artifice, des promenades sur la corniche de l'Estérel, hélant au passage un type torse nu d'aller se rhabiller et des glaces au café chic du Grand Hôtel Negresco sur la promenade des anglais.  Sur l'estrae se tenait un orchestre avec un chanteur et l’on pouvait lui demander d'executer une chanson. Moi je demandais toujours“ Arrivederci Roma”. 

Prémonitoire Watson !...

Bon Papa s'en est allé discrètement avec élégance, tournant le bouton de la radio, autrefois encore un meuble.

Il est mort en bonne santé sur une note de musique en écoutant une symphonie de Bethoveen. Peut etre la Symphonie du nouveau Monde ?

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