Rose-France

Heu voyons, par où commencer?
Je dirais  par ma petite encyclopédie perso, en vrac d'abord puis afin de m'y retrouver plus tard à mettre par ordre alphabétique peut être...surement à élaguer...

Naissance: heu, le plus lointain souvenir ne date pas de mon berceau lequel était parait il violet, cousu par des bonnes soeurs (qui nous hébergeaient?) à Arenberg, riante petite ville banlieue de Koblenz. Papa devait être affecté dans le coin.
J'ignorais que les femmes suivent leur mari à la guerre comme les cantinières.
A ma demande, ami Christian de passage dans la région a poussé jusque là et m'a envoyé des photos. Un beau parc avec des reposoirs plutôt catholiques m'a t-il semblé, des parcours boisés et romantiques à flanc de colline où Mamillon a du avoir plaisir à se promener avant et après ma naissance.

Mon prénom: Rose-France. ce prénom a une petite histoire de famille. La soeur de Bon-Papa s'appelait Rose, morte à 20 ans. Va pour Rose en souvenir de la grand tante, maman n'était pas très enthousiaste (elle aurait préfèré Salomé) et puis Rose à l'époque cela faisait un peu colf, pardon, femme de chambre avec petit tablier et coiffe d'organdi. Comme je suis née après la guerre, la fibre encore sensible patriotique militaire l'a emporté, on a ajouté France.
Je n'ai jamais rencontré d'autres  Rose France mais Manou oui. 

Mon surnom: c'est à Evelyne que je le dois. sophie patte en l'air disait elle ( j'allais à l'école de danse et on avait meme installé une barre avec un tuyeau contre un mur de la façade sur la terrasse, mais surtout le livre "les malheurs de Sophie" dont les mésaventures et les betises faisaient aussitot penser à moi, surtout pour sophie sous la gouttière, je ne séchais pas mes cheveux afin de garder mes bouclettes alors que l'héroine de Mme de Ségur , elle y perdait ses belles anglaises (boucles frisées au fer) . 

Photos: la plus lointaine de moi petit fagoton, il faudra que je remette la main dessus, tenue dans les bras de Mamillon je crois sur un balcon de cette grosse maison allemande où j'ai du naître  par une nuit avec ou sans lune? Il me semble vers 2 ou 3h du mat, juste pour faire partie du signe du bélier et réveiller tout le monde. Comme j'étais la deuxième, j'ai du glisser assez facile dans la vie. Il parait que j'étais bien noire et velue jusque dans le dos  et que les allemands blonds aux yeux bleus se sont écriés (en phonétique) KaHn sWarss!! Qu'elle est noire! M'ont raconté  Mamillon et Papillon.

Baptême: Mamillon encore alitée, un officier est entré dans sa chambre, a sorti son kit de sa serviette: une étole qu'il a passé autour du cou, petite bouteille étiquetée "eau bénite" .. j'ai donc été ondoyée, sait on jamais?
On a essayé de remettre ça officiellement à Hyères après la naissance de Jean-Jacques en duo mais avec la rougeole je n'étais pas sortable. C'est trois plus tard à l'âge de six ans, à la naissance de Catherine qu'on a finalement officialisé la chose à l'église St Louis. Je me rappelle que l'on m'a mis du sel sur la langue (pourquoi diable?) pour la sagesse m'a dit papa et on m'a mouillé la tête. Bon Papa et Mamy étaient ils là, aucun souvenir mais surememnt Tante Elisabeth nomée marraine et Mr Bénézit notre voisin et peintre mon parrain.

Allemagne: Aucun souvenir si ce n'est le peu qu'on m'ait dit. Une série de photos prises à la piscine de l'hotel Roseneck en foret Noire racontent un été. Maman était peut etre copine avec la fille des propriétaires (Sylvia?). On me voit sur le gazon avec un jeune garçon (?), une jeune femme (?) montant sur une chaise toute nue avec un grand chapeau de paille, au bord avec Manou puis dans la piscine quand Mamillon semble vouloir me noyer avant de me repecher au photograme suivant.

20, Boulevard d'Orient: Aucun souvenir de voyage ni d'arrivée dans ce quartier résidenciel proche de la caserne où papa avait été affecté. A coté, l'hotel Val Rose appartenant à notre propriétaire. Autour de belles villas entourées de jardins et plus loin, une grande villa visités par la Reine Victoria dit on, devenue maison de repos pour enseignantes (cela m'étonnerait que les profs puissent encore aller s'y reposer).



Rose-France devant l'hôtel Val Rose (bat à gauche)

Rose-France
Voisinage: loin derière la colline, des marbriers avec au creux sous la colline du paradis dans la vallée du Gapeau, le cimetière et plus bas l'entreprise de Jules Pratali. On a failli construire une maison par là, il me semble que nos parents avaient acheté un terrain où il y avait une vigne, j'ai quelque souvenir de ce projet abandonné. Plus haut dans la montée, la famille nombreuse dont parlait Manou où nous allions souvent jouer. Jouxtant notre habitation, habitaient Mme Borès son mari et leur fils Louis. Il me semble que dame Borès faisait peut etre du ménage ou repassage et nous a peut etre gardé, J'ai un vague souvenir, manou en saura davantage. Ils ont ensuite déménagé dans une maison neuve construite dans le tournant. Au plus haut de la montée la famille Fautrier que nos parents fréquentèrent plus assiduement au début.
 Mais avant, le tournant à gauche avec un chemin vers le haut de la colline où habitait un copain de jean-jacques, Marc isabelle. Nous allions y déposer les poubelles et plus haut derrière un mur se trouvait la maison abandonnée  que nous appelions "la rose fannée" où nous allions jouer.

Val Fleuri: dès mon arrivée, j'ai du trottiner partout et apprendre rapidement à descendre les escaliers, jouer dans le jardin de ce grand appartement à flanc de colline constituant pratiquement une maison sur deux étages. Au premier, en sens anti-horaire, l'entrée où tronait le Dieu de mer dans une niche, tronc d'arbre trouvé à la plage, comme un torse poli par les eaux, avec sa jupe de racines ; la cuisine, la salle à manger, le grand salon, le petit salon et la chambre des parents donnant sur une terrasse fleurie tour à tour de glycine et roses pompons; la chambre dite "du fond" ou "des enfants" où nous sommes tous passés; une salle de bain avec baignoire à pieds de lions, le cabinet, aussi refuge final de  poursuite effreinnée dans toute la maison,  du plus rapide qui aura  su guetter l'arrivée du facteur, échapper aux poursuivants et s'enfermer pour avoir la primeur de lire tranquillement Spirou; un escalier assez raide menant  "en bas" à l'entre-sol ou rez de jardin:  le garde-manger sous la fenetre invitait au passage, à piquer en douce un bout de fromage ou mettre un doigt dans un pot de confiture; plus bas dans le tournant, le  Frigidaire, objet de luxe installé Dieu sait pourquoi dans un escalier et loin de la cuisine?
Rose-France à la terrasse de la villa Val fleuri  20 bd d'Orient 

La cave: odeur acre de charbon  d'un débarras aveugle et sale avec au fond un vieil établi d'ouvrier éclairé d'une ampoule avec plein de vieux outils, entrepot de bois de chauffage et caisse à  charbon pour alimenter les poeles et cheminées du haut. Utilisée accessoirement, peut etre seulement comme menace? "si tu continues je t'enferme à la cave... et dans le noir! "cette petite phrase remonte comme une bulle de ces temps heureusement révolus et ce "dans le noir" devait etre particulièrement persuasif.  Je crois que Manou en a quelque souvenir plus net voire plus cuisant, comme lieu de chatiment, pénitence et de méditation forcée ou plus ludiquement pour jeux de cache-cache avec le risque de s'y trouver enfermé par quelque petit canaillou. Encombrée comme un grenier, de cartons, vieux journaux, d'objets mis au rencart, j'aimais bien aller fouiller à l'insu de papa dans ce fouilli organisé par papa qui n'a jamais aimé que l'on vienne fourrer son nez en ces lieux qu'il considérait son domaine; la chambre de jean-jacques  dont la porte vous disait: entrer, ou attender grace à un ingénieux dispositif lumineux concocté par notre bricoleur en chef de la famille; la chambre de Manou appelée aussi chambre de la vachetapissée de canisses dans la partie basse des murs un peu humides ou tronait le portrait de la vache vetue d'une nuisette rose transparente et peut etre coiffée d'une capeline fleurie (à moins que ce soit la "Vache qui rit"), trace de ce que fut au début une salle avec un bar à l'époque où maman et papa organisaient pour    leurs amis, des petites soirées dont nous étions exclus. Je ne me rapelle que de jolies toilettes de mamillon. Il y avait aussi sous la terrasse une porte mystérieuse toujours fermée, débarras de Mr Benézit qui habitait au troisième étage.Enfin la vieille cuisine  avec sa grande hotte coiffant deux grands fourneaux à anneaux de métal et foyers à braise  qui ne fut jamais guère plus d'un débarras car c'était la pièce la plus sombre mais fut ma chambre pour un temps, J'avais 14 ou 15 ans,  dont j'avais blanchi les murs  au platre à la main, 

Les en-bas étaient un peu notre terrain de jeu, on accédait au jardin par les deux chambres. 

Le canard: je ne sais qui avait gagné un canard à une loterie de fete forraine. Attaché d'abord en laisse à un palmier, quand on l'a détaché il avait si bien pris le pli qu'il ne dépassait pas le rayon appris autour de l'arbre...

canard au café: quand les grands prenaient le café, on avait droit étant enfants à tremper "un canard" c'est à dire un sucre imbibé de café.

Plages: on a commencé à fréquenter les plages d'Hyères  portés par nos parents en bicyclette. J'ai zapé ce souvenir mais j'ai su que j'ai du au moins une fois mettre un pied dans les rayons...
La famille s'agrandissant on a du y aller ensuite en voiture.
- je me rappelle de la Potinière près du nouveau port lequel n'existait pas à notre époque.
Rose-France à la terrasse du restaurant La Potinière

 Il y avait un grand salon coté restaurant et parfois un orchestre. Mamillon m'a dit que j'adorai danser sur les musiques en vogue à l'époque  pour la joie des convives(je devais avoir 3 ans).
On avait une cabine,  on louait des " plates" espèce de long surf  sans quille utilisé à rames mais pour nous c'était un terrain de jeux nautiques. Debouts en équilibre le plus longtemps possible malgré les efforts d'autrui pour nous faire tomber, soit à plusieurs à qui réussirait à se débarrasser des autres et tomber à l'eau le dernier. vraiment super comme jeu!
On allait aussi à la plage suivante , dont le nom m'échappe, à la Capte ou tout au bout à la Badine plus abritées par rapport à la grande plage de l'Almanarre toujours venteuse et houleuse parfaite pour les championnats de Surf et autres nouveaux sports nautiques comme le  Kite-surf. 
Nage: j'ai toujours adoré l'eau  comme un poisson. Bien que Papillon ait essayé de m'apprendre, je crois que c'est plutot  Manou qui m'a appris à nager. Avec son masque il avait vu nager les chiens et m'avait donné le judicieux conseil de les imiter. Apprendre à nager ainsi est vraiment un jeu d'enfant et avec un masque et un tube c'est également très instructif  et top pour apprendre à aller sous l'eau, sauf quand un petit  crétin bouche le tuba ou coince la balle de ping pong au bout du tube..
Plonger: on adorait tous plonger du radeau au large, des pédalos, comme des rochers, de partout. Au vieux pont du sel  autrefois utilisé pour amener des vagons de sel des Salins. Ce pont n'était plus qu'un squelette de dinosaure, amas de ferraille completement rouillée et surement hyper dangereux. Je me rappelle qu'on marchait en équilibre le long des rails à plusieurs mètres de haut, avec beaucoup de chance. Que de sache, pas de victime dans nos rangs à part quelque égratignure. 
La danse classique apprend à tendre bras, genoux et pointes des pieds, ce qui enjolive les plongeons. Aussi ais je été remarquée à Paris à la piscine Deligny où s'entrainait Kiki Caron une championne de l'époque. Un jour, j'ai été litteralements repechée d'un bras hors de l'eau par un malabar qui m'a amenée devant un entraineur qui machonnait son cigare, comme dans les films. "petite, si tu veux t'entrainer, reviens début septembre" Qui sait? j'aurais pu devenir une plongeuse de haut vol...
Anges gardiens:  évoquer le pont du sel où autres endroits périlleux abordés avec insouciance me font, à posteriori froid dans le dos et me rappellent le  dicton de Mamillon. "On voit que tu as un ange gardien bien dressé !". ça oui, je peux dire que pour ma part et depuis toujours, si j'en ai un,  qu'il n'aura pas chomé et meme eu besoin d' etre relayé pour souffler. 
Corrections et punitions:  Aie, on aborde ici le coté cuisant et douloureux de notre histoire éducative. Heureusement avec le temps les trois derniers de la fraterie n'en ont eu guère à découdre mais il est notoire que  Papillon avait la main leste et le coté militaire aidant, qu'il savait varier sur le thème. C'est malheureusement notre ainé Manou  qui a fait les frais d'un style d'éducation depuis lors heureusement banni. Il pourra ici se soulager définitivement ses cuisant souvenirs d'enfance. je me rappelle de cet instrument, j'ose espérer désormais  hors d'usage, dont on détournait vite le regard  quand on l'apperçevait avec crainte dans les quinquailleries: le Martinet, manche de bois à lanières de cuir . Je me rapelle des illustrations de fessées mémorables dans  " les malheurs de Sophie" héroine  de la contesse de Ségur, à l'origine de mon surnom. Cette version soft d'antique instrument de torture cité depuis  le début de notre ère  dans l'Art et la littérature, était encore autorisé à notre époque et couramment utilisé ne serait ce que comme menace . "curieusement la vision de cet instrument a toujours un effet calmant sur les enfants".  Les plus jeunes qui  auront échappé à ce  chatiment  pourront en savoir plus  sur wikipedia:  http://fr.wikipedia.org/wiki/Martinet_(instrument) .


7 commentaires:

  1. Juste une petite précision.Lorsque nous sommes arrivés en Allemagne,la guerre était finie,et des troupes d'occupation alliées et Françaises sont venues temporairement en Allemagne.Maman n'était donc pas cantinière mais s'occupait de nourrir la famille tout en attendant ta venue au monde.
    Je vous ferai part de mes souvenirs de l'époque dans un prochain N°

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  2. La chambre de Manou était aussi appelée la chambre de la vache car elle était décorée d' une superbe vache peinte sur un carton au fond noir.
    Même si elle n'était pas grandeur nature, la vache était d'une dimension imposante, elle était vêtue me semble t il d'une chemise de nuit et était un des rares témoignages des soirées créatives de nos parents et leurs amis.

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  3. exact! je m'en rappelle encore, elle avait aussi je crois un chapeau fleuri. A l'èpoque il y avait meme un bar et deux haut tabourets. Je me rappelle de Mamillon très belle, arborant une robe longue de chiffon de soie vert et violet, poudrée parfumée, un baiser à chacun et au lit les enfants!. Avec leurs amis ils devaient bien s'amuser. Ils avaient meme taté au théatre, un capitaine ( Long?) avait remanié une pièce, un extrait d'Hernani il me semble... Quand on a enlevé les canisses du pourtour des murs vieux rose de la chambre pour la repeindre, on y a découvert des scorpions car, entre humidité et poussière, l'entresol était le domaine des araignées, de criquets qui sautaient partout, impossible à attraper, qui faisaient sguishh quant on y réussissait et des scorpions. Malgré tout Manou en a fait sa chambre,

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  4. En ce qui concerne le martinet,je trouvais ,à l'usage,que c'était moins douloureux que la cravache ou que le gros ceinturon militaire à boucle sur les jambes,(j'étais en culotte courte à l'époque)sans parler du pinçage de joues suivi généralement par une bonne paire de gifles..
    je parlerai dans un prochain épisode de la fameuse " chambre de la vache"et des fêtes parentales avec les amis comme le Commandant Long (médecin militaire) et le capitaine Sébron (collègue de papa au CIER (Radars où j'ai été affecté pendant mon service))

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  5. Je me souviens que nous ( je ne sais plus qui) avions entrepris subrepticement de couper quelques lanières du martinet pensant sans doute que la douleur était proportionnelle à leur nombre.

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    1. ahahah !très drole, on aurait du meme les couper toutes à ras, mais gouter au
      manche n'en aurait alors été que plus dur

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  6. Bonjour , auteur(e)s de ces textes sur M. Bénézit
    je suis retraitée mais j'ai passé mon enfance et mon adolescence à Hyères (Var)Je fais des recherches sur les artistes et écrivains qui y ont séjourné . Mon objectif est d'écrire et éditer une plaquette sur Bénézit Je suis à la recherche d'informations supplémentaires pour étoffer mon récit En auriez-vous à me proposer? M'autoriseriez-vous à utiliser celles qui se trouvent dans "Boulevard d'Orient"? Vous pouvez consulter mon site charlette-bianti.over-blog.com et me répondre Bien cordialement

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